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Tombeau pour Yi Ch’ôngjun


Il serait passablement ridicule de jouer au petit jeu très américain du “meilleur écrivain coréen”, ce petit jeu auquel joue chaque année le nationalisme local lorsqu’il s’agit pour lui de “désigner” un candidat au Nobel ! Merci à lui, en tout cas, d’avoir toujours oublié Yi Ch’ôngjun, que cela amusait beaucoup. L’hommage du vice à la vertu, en quelque sorte.

Il est plus simple, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, de le présenter non seulement comme un écrivain coréen, non seulement comme un écrivain marqué par son origine nationale, mais qui risquerait de l’assimiler à l’immense cohorte des nationalistes, mais avant tout comme un écrivain hanté par la coréité. Non qu’il y aurait là une supériorité ou un mystère d’une nature particulière, mais parce qu’en s’acharnant dans cette recherche, c’est à son identité d’écrivain qu’il en avait.

La dernière fois que nous nous sommes rencontrés, j’étais venu faire signer à Yi Ch’ôngjun un contrat pour la traduction de ses œuvres complètes. Une formalité, comme toujours avec lui, et nous étions rapidement passés, avant d’aller partager nos soju habituels, à ce qui m’amenait réellement: le tournage d’un court-métrage le concernant. J’avais réussi à le convaincre qu’à l’époque de l’image, il fallait une autre politique de diffusion des livres. Grâce au soutien du directeur littéraire d’Actes Sud, Bertrand Py, et avec l’aide du CRIC, j’avais en poche les sous nécessaires à un travail modeste, mais sérieux. Même si ses livres ont souvent été adaptés au cinéma, et avec succès, Yi Ch’ôngjun n’était pas particulièrement convaincu par les images, mais, comme toujours, il laissait se développer les projets des autres.

Je lui avais envoyé différents canevas, un peu torturés, inutilement compliqués, à l’aune de mon souci de rendre justice à ses textes, mais tout aussi désireux de ne pas le déranger. La maladie qui devait l’emporter n’était pas encore officiellement déclarée, mais, sans être ni médecin ni voyant, son teint cireux et son alimentation ne pouvaient guère annoncer d’autre issue. Voler du temps à un écrivain est déjà difficile, à un écrivain malade, plus encore, alors que dire d’un écrivain malade auteur de La Porte du Temps et de toutes ces nouvelles consacrées, d’une façon ou d’une autre, à la mort et de l’énigme que représente celui à qui l’on transmet ?

Mon petit film allait s’appeler Yi Ch’ôngjun, un homme du sud, en référence au volume que nous venions de publier, Les Gens du Sud [1] , et j’aurais dû savoir qu’il contenait la solution à mes hésitations : Yi Ch’ôngjun a été et reste emblématique de sa province d’origine, le Ch’ôlla.


Inutile de répéter ici ce qui a été présenté à plusieurs reprises dans diverses préfaces et postfaces de la collection Lettres coréennes d’Actes Sud [2], et ce que, c’est tout de même plus important, les fictions de Yi Ch’ôngjun ne cessent de dire. Un mot seulement: De l’histoire, cette province du sud-ouest a hérité d’une mise à l’écart, d’une ostracisation, d’un rejet qui sont loin d’être oubliés. L’élection du président Kim Dae-jung, opposant historique, originaire de cette province, a mis fin symboliquement à mille ans d’interdits, au moins, depuis les débuts de la dynastie Koryô, excluant les gens du Chôlla des fonctions officielles. Pour importante qu’ait été cette élection, le racisme intérieur n’a pas disparu pour autant, et ces provinciaux-là sont toujours accusés de fourberie, de dissimulation, de malhonnêteté, en particulier par leurs voisins du Kyôngsang, inépuisable réservoir à dictateurs, qui trouvaient dans ces accusations la justification a posteriori des misères par eux infligées. On ne s’étonnera pas si, là comme ailleurs, les gens du Chôlla se sont repliés sur eux-mêmes, développant des particularismes marqués, rejetant ceux qui les rejettent, y compris dans le domaine économique.

En littérature, surtout chez Yi Ch’ôngjun, cela donne une tentative d’exprimer le han [3] , cette rancœur-rancune sans nom ni forme, qui manifeste le poids des injustices accumulées depuis si longtemps qu’elles sont devenues une façon de vivre, sans pour autant pouvoir désigner un coupable spécifique [4]. Chacun des personnages de ces fictions brèves est porteur du virus, d’un mal de vivre effrayant et tout sauf romantique. En même temps que d’une nécessité impérieuse de vivre, afin de ne pas céder au mal. D’où, me semble-t-il, une nécessité tout aussi vive, celle de transmettre.

Dans chacun des textes, il est question de transmission ou d’éducation, mais jamais en termes pédagogiques ou de racines. Yi Ch’ôngjun n’est pas un écrivain confucianiste. Le passage de relai entre générations est tout sauf heureux, créatif, épanouissant. On nous parle de douleur. La métaphore de l’accouchement viendrait à l’esprit, si, dans le cas précis qui nous préoccupe, une autre ne s’imposait pas. Il s’agit de chamanisme, et ce n’est pas une religion heureuse. Devenir chamane n’est pas une vocation ni un épanouissement, c’est une fatalité qui s’abat sur la personne. Accéder à la voyance, à la capacité de lire le passé et l’avenir des autres, est une douleur.


Quel rapport entre le Ch’ôlla et ce petit film? Le désir ardent de ses habitants d’être admis et reconnus, désir qui est probablement celui de tous les Coréens, mais qu’on trouve à la puissance 10 dans cette région. Et au sud de cette province sud du Sud, c’est encore plus marqué. Yi Ch’ôngjun désignait le metteur en scène Im Kwônt’aek, qui apparaît dans le film et qui venait d’adapter Sônhakdong nakûne après Sôp’yônje [5], et qui est né à quelques lieues de chez lui, comme un homme du nord. Et ce n’était qu’une demie plaisanterie…

Aussi bien, même s’il n’était pas forcément convaincu par mes raisons, quelques heures après notre discussion, nous étions déjà dans la voiture familiale, conduite par l’épouse de l’écrivain, pour aller visiter tous les lieux évoqués dans Les Gens du Sud, qui devaient nous servir de décors. Dire que cela reste un des souvenirs les plus marquants de ma vie, au risque de la flagornerie, serait peu dire. Je garde les images de Yi Ch’ôngjun gambadant sur ses terres, ne tarissant pas d’explications, trouvant toujours une nouvelle visite à faire, heureux, il n’y a pas d’autre mot, de présenter ses paysages, ses amis, sa famille. J’ai eu l’impression, et je l’ai toujours à mesure que je lis ses textes, que la frontière entre ses mots et ses œuvres, loin de croître avec le temps, ne faisait que s’effacer. Lorsqu’assis comme un client dans l’auberge vide reconstituée pour le film d’Im Kwônt’aek, il racontait son enfance, j’avais l’impression de l’entendre lire La Lumière du Chant ou L’Harmonium, ce qui était d’ailleurs presque le cas. Et à vingt-cinq ans de distance, il me racontait encore, embrassant du regard un des polders qui ont définitivement modifié les paysages de son enfance, qui ne subsistent que dans la mémoire qu’il entretient, l’épisode des crabes:

Petit plouc (j’essaie de rendre l’effet paysan + Chôllado), il est envoyé à la ville par ses parents, pour tenter de profiter des relations familiales. Il voyage en bus jusqu’à la capitale provinciale, Kwangju, quelques heures aujourd’hui, un monde à l’époque. Le voyage dure, et le sac, contenant les cadeaux pour la tante qui doit l’accueillir, souffre de la chaleur. Des crabes, de la région, la richesse locale, dont la tante n’a rien à faire. Aussi bien, quand le môme arrive à la ville, les crabes ont profité du voyage. Parvenu au but de son expédition, le petit Yi, rouge pivoine, tend le sac, qu’il imagine comme une sorte d’offrande, voire de Sésame de sa vie à venir. La tante, imperturbable, probablement bien élevée, prend la chose et la jette derechef dans la poubelle, accompagnée par l’odeur pestilentielle des dits crabes.

Soixante ans après l’événement, j’ai vu Yi Ch’ôngjun se détourner pour dissimuler l’émotion qui montait à raconter l’histoire, pourtant devenue banale. C’est cela, le han.

Est-il possible de faire comprendre cela à un public français? Je retourne la question : Est-il possible de faire comprendre cela à un public séoulite d’aujourd’hui, gavé et sûr de lui, à des décideurs sortis indemnes de l’Université Nationale de Séoul, sans le moindre dommage, ni la moindre remise en question, elle qui a été successivement école coloniale, bras armé de la dictature et première université de la Corée somme toute démocratique?


Dans Le Fauconnier, on trouve cette phrase qui s’applique si bien à ce que l’auteur nous laisse:

En effet, ils affirmaient que ces cahiers étaient l’unique objet dont le défunt souhaitait la survie après son départ.

Cela seul autoriserait sans doute à considérer Les Portes du Temps comme une sorte d’autobiographie, et, avec son sourire caractéristique, Yi Ch’ôngjun m’a maintes fois avoué que tel était bien le cas. D’abord sous une forme assez attendue (tout écrivain ne parle que de lui et écrit toujours le même livre), puis de façon bien plus intime, au sens que ce mot prend dans son œuvre: jamais privé, toujours introspectif. A ceci près qu’il détestait se faire passer pour un intellectuel, que pourtant il était, laissant ce rôle sans mépris aucun à ceux qui, en gros, n’écrivaient pas de fiction. Cependant, ceux qui ont commencé à lire ses textes savent à quel point ils sont analytiques, ce qui produit ce style circulaire si caractéristiques. Les circonvolutions de l’esprit y sont à l’œuvre L’auteur se refuse à la puissance omnisciente, il préfère suivre les hésitations et le répétitions de toute prise de conscience. Celui qui vient de nous quitter était sans doute, quand même, le plus grand écrivain coréen, le plus à l’écart de toutes les coteries aussi. Comme tous les personnages de ce livre, il part en nous laissant des énigmes dont ses textes contiennent les réponses. Comprendre la Corée est un processus ardu, sans doute sans fin, mais désormais envisageable (Nous avons, depuis 1990, date de notre première rencontre, évoqué à de nombreuses reprises la question de la traduction. Yi Ch’ôngjun en a parlé souvent, mais, au fil du temps, il s’est comme soustrait à cette problématique. Pour en arriver à penser que la traduction était affaire de traducteurs. D’où son refus de participer à tant de voyages officiels d’écrivains, avec comme alibi (théoriquement fondé): C’est à toi (ou vous, selon les jours) d’en parler, c’est ta traduction qu’ils ont lue.


Patrick Maurus

1939-2008 (Texte légèrement remanié de la préface de Les Portes du Temps, Actes Sud, 2011)


 

1. Actes Sud, juin 2007

3.Dans les années 60 et 70, le han a été l’objet d’une tentative de récupération nationaliste de la part du dictateur Pak Chônghûi: il aurait exprimé la souffrance spécifique du peuple coréen, qui aurait toujours été victime des autres sans jamais être agresseur. Cette version cosmétique et lénifiante de l’histoire présentait, du point de vue de la dictature, l’intérêt de gommer en même temps le han interne, le mal infligé à certaines provinces, comme le Chôlla ou le Hamgyôngdo, au Nord.

4. Des coupables spécifiques, il y en a eu, ô combien, mais ils sont trop nombreux pour qu’un seul émerge. Il s’agit plutôt d’un Coupable global, anonyme à force d’avoir trop de noms.

5. Titres français du premier, Souvenir, du second, La Chanteuse de P’ansori. La nouvelle correspondant à celui-là a été publiée sous le même titre et comme titre d’un recueil publié par Actes Sud et l’Unesco en avril 1997. En fait, les deux scénarios de Im Kwônt’aek picorent dans l’ensemble du recueil.

 

Version Coréenne


동양학대학

같은 미국식 질문을 한다는 것은 매우 우스개처럼 보이는 일이다. 매년 노벨상 후보를 지명할 때, 이청준에게는 이 것은 단지 지역적 민족주의가 빚어낸 이 웃음거리가 아닐까! 그는 자신을 항상 망각해주는 것에 감사하며, 그 점을 재미있어할 것이다. 말하자면, 악덕을 갖고 미덕을 찬양하는 것과 같지않을까? 이청준을 아직 모르는 사람들에게 한국적인

작가 또는 국가 정체성을 잘 표현하는 작가로서 소개할 뿐만 아니고, 거대한 민족주의자 무리 또는 특히 ‘’한국성’’이라는 마법에 사로잡힌 작가로서 동류시할 것이다. 그러나, 그럴 수는 없다. 여기에 그것을 넘어서는 어떤 것, 또는 특별한 특수성을 갖는 신비함이 있고, 구도의 길에 집착하는 것 자체가 작가가 자신의 정체성을 갖게 하는 것이다.


가장 최근에 이청준을 만난 것은 전집번역의 계약서 서명을 위해서이다. 우리에게는, 형식에 불과한 것으로, 빠르게

끝내고, 나의 진정한 목적: 그에 관련된 단편영화 촬영을 논한 후에, 일상적으로 마시는 소주잔을 기울였다. 책을 전파하는 또 다른 매개체가 필요할 때이다. 출판사 악뜨 쉬드(Actes Sud) 문학부분 편집장 베르트랑 피 (Bertrand Py) 및 CRIC의 도움덕분에 대규모는 아닐지라도 진중하게 일을 하는데 필요한 자금은 이미 준비되어있었다. 비록 이청준의 많은 작품이 각색되어 성공적으로 영화화 되었지만, 작가 자신은 특별하게 이 영상물들에 대한 어떤 확신을 갖고 있는 것은 아니었다. 그러나, 사람들이 자신의 작품을 영화화하는 것을 막지는 않았다.


작품에 충실하기 위해서, 또한 변형시키지 않을 욕심으로, 약간 기교를 부리고, 필요이상으로 복잡한 여러 종류의 초안을 보냈다. 그리고 이 시도는 그를 괴롭히지 않고자 하는 의도였다. 아직은 작가를 앗아간 병이 발병하기 전 이었지만, 의사 또는 예언가가 아닐지라도, 창백한 얼굴빛과 식욕이 없는 그의 모습은 병 이외에 어떤 다른 것을 예견할 수가 없었다. 작가에게 시간을 뺏는 것은 매우 어려운 일이며, 병에 걸린 ‘’시간의 문’’ 2 의 작가에게는 더욱 어려운 일이다, 모든 그의 작품은 어떤 방식이든지 항상 죽음 또는 죽음을 표현하는 결정적이 어떤 것에 헌화되어있다.


내 작은 영화는 남쪽 사람 3 이청준 (Yi Ch’ôngjun) 이라고 불려질 것이다. 이 주제는 편찬된 작품 ‘’ 남쪽 사람들 4 ’’과 무관하지 않고, 내가 답을 주기에 주저하는 것에 대한 해답을 내포하고 있다는 사실을 내 자신은 알고 있다: 이청준은 그의 고향 전라지방의 상징적인 존재였으며, 상징적인 존재로 남을 것이다.

여기에서 악뜨 쉬드 Actes Sud 에서 편찬한 한국문학작품에 기재된 다양한 서문을 다시 반복하는 것은 어떤 의미도 없고, 가장 중요한 것은 이청준 작품에서 끊임없이 회자되는 한 단어 즉: 역사에서, 남서지방이 역사적으로 볼 때

고립되었고, 소외되었거나, 거부되어왔다는 사실이 아직 잊어진 것은 아니다. 이 지역 출신으로 역사적 야당 출신 인물 김대중대통령의 선출은 고려초기에 시작된 이 지역 출신이 관직에 나아가는 것을 배제 5 한 천 년의 금지에 상징적인 종지부를 찍었다. 그러나 이 선거의 중요성에 비해서, 내부 차별주의가 사라진 것은 아니며, 이 지역사람들은 여전히 음흉하고, 부도덕하며, 부폐한 한 사람들로 치부되고 있다. 독재자들의 온상인 그 옆 지방 경상도 출신 사람들에게 특히 그러하다. 그런 경우 다른 곳에서 보는 것처럼 전라도 지역 사람들이 스스로 폐쇄하면서 그들만의 특수성을 발전시키고, 경제분야를 포함해서 자신들을 거부하는 자들을 거부하는 것은 당연한 일이다.


이 점이 문학에서, 특히 이청준에게 한 6 를 표현하게 동기를 부여해주었으며, 이 이름도 형체도 없는 적개심-앙심은 너무나 오랫동안 지속된 부당함에 짓눌려, 사는 방식이 되었다. 그러나 그 책임에 대해서 어느 누구 7 를 특별히 지목할 수는 없다. 단편작품의 각각의 인물들은 바이러스의 보균자들인데, 이 바이러스는 낭만 제외한, 삶의 모든 고난과 고통을 수반하고 있다. 동시에 악에 빠져들지 않고, 살아야 할 필요성이 있다. 여기에서 생명감이 충만한 필연성 즉 계승의 필연성이 탄생하는 것으로 보인다.


그의 작품 하나하나에서, 계승 또는 교육이 문제이지만, 결코 교육 또는 뿌리에 기반을 둔 것은 아니다. 이청준은 유교적 작가가 아니다. 세대교체는 행복하고, 창조이며, 자아실현을 제외한 모든 것이다. 고통을 말하지만, 또 다른 어떤 것이 맴돌지 않는다면, 우리 의식에 떠오르는 것은 산고의 은유일 것이다. 무속은 행복한 종교가 아니다. 무당이 된다는 것은 소명도, 자아실현도 아니고, 운명인 것이다. 타인의 과거 및 미래를 볼 수 있는 견자 見子 가 되는 것은 고통이다, 전라도와 이 작은 영화가 어떤 관계를 가질까? 받아들여지고 인정 받고자 하는 그 지역사람들의 크디 큰 욕구, 이 점은 한국사람 모두에게 공통적이며, 특히 이 지역에서 더 클지 모른다. 이 지역의 남쪽 끝 자락에서는 더욱더 크다. 이청준은 서편재 8 이후 선학동 나그네의 촬영을 끝낸 이청준을 감독을 지명하고, 영화에 출연하는데, 그 지역에서 태어난 그가 북쪽 사람으로 나오는 것은 가장된 농담일 뿐이다.


내 논리에 완전히 작가가 동의를 하지 않았지만, 몇 시간의 대화 후에, ‘’남쪽 사람들’’에 나오는 모든 장소를 방문하기 위해서, 우리는 사모님이 운전하는 자동차에 타고 있었다. 그 영화가 우리 방문의 하나의 장식이 되었고, 내 삶에서 가장 기억에 남을 줄이야. 이 것은 결코 과장이 아닌 진실이다. 춤추듯 뛰어다니던 이청준의 모습은 언어로 표현할 수가 없다. 기쁨에 넘쳐서 새로운 방문 길로 떠났다. 단지 고향 풍경, 친구, 가족을 보여주는 것뿐이다. 그의 작품을 읽으면 읽을수록, 말과 작품 사이의 경계가 커지는 대신에 사라진다. 임권택의 영화를 위해서 재 구성된 빈방의 손님처럼 앉아서, 자신의 어린 시절을 이야기할 때 La Lumière du Chant 또는 “흰옷”를 읽고 있는 것 같고, 거의 그러했다. 25년의 시간을 두고, 어린 시절의 풍경을 영원히 변화시킨 간척지의 한 곳을 쳐다보면서 이야기를 다시 해주었다: 자신의 기억 속에서만 존재하는 게들의 이야기 이었다. 가족간의 유대덕분에 부모님이 도시에 보낸 촌 아이 (전라도 농사꾼의 모습을 표현하고자 한다) 이다. 도청 소재지 광주까지 버스를 타고 여행하는데 지금은 단지 몇 시간에 불과하지만 그 당시에는 상상할 수가 없는 긴 여정이었다.


여행은 끝이 없고, 그를 반겨줄 고모에게 줄 선물 꾸러미는 더위에 타 들어갔다. 그 지역에서 유일하게 풍부한 게들, 그러나 정작 당사자인 고모는 전혀 관심이 없었다. 게들과 함께한 긴 여정 이후에 도착한 아이, 이청준은 모란꽃처럼 빨개진 얼굴을 하고, 미래의 천국 문을 여는 열쇠로 여기면서 신탁의 제물처럼 선물 꾸러미를 고모에게 바쳤다. 그러나 무관심하면서, 교양 있는 고모는 썩어가는 냄새가 진동하는 그 게 꾸러미를 받아서 즉시 쓰레기 통에 버린다.60년이 지난 지금도, 이야기를 하면서 벅차 오르는 감정을 숨기기 위해서 돌아서는 이청춘을 보았다. 지금은 비록 일상적인 것이 되었지만, 이 것이 바로 한이다.


프랑스 사람에게 이 점을 이해시킬 수가 있을까? 다시 질문을 던진다: 부족함이 없는 지금의 서울 사람에게 이해시킬 수가 있을까? 식민지 시대, 그리고 독재자의 오른팔이었으며, 지금은 민주주의를 제창하는 대한민국의 첫 번째 대학교인 서울대학교 출신, 항상 자신감에 충만해 있으며, 조금의 후회도 없으며, 어떤 피해도 받은 적이 없는 사회지도층에게 이해시킬 수가 있을까?


매잡이”에서 작가가 우리에게 말 하고자 것을 잘 표현하고 있다:

결국, 망인은 그 자신이 떠난 후에 남기고 싶은 유일한 것이 자신의 필기장들 이라는 것을 그들은 확신했다.

여기에서 의심의 여지가 없이 “시간의 문” 이 자서전적이라고 생각할 수가 있으며, 이청준은 자신의 웃음으로 여러 번 그 사실에 대해서 답변해주었다. 그러나 우선 매우 일반적인 형태로 (모든 작가는 항상 자신의 이야기를 하며, 같은 이야기를 한다), 그리고, 작품에 드러난 의미처럼 좀더 친밀하지만: 전혀 개인적인 아닌 내재적으로 답변해주었다. 비슷한 맥락에서 자신을 지식인(인텔리겐치아)로 간주되는 것을 매우 싫어했는데, 작가 자신이 인텔리겐치아 이었지만, 그 역할을 조금의 주저도 없이 창작 작품을 쓰지 않는 작가에게 남겨두었다. 그러나 그를 읽은 독자들은 얼마나 그의 작품이 분석적이며, 바로 여기로부터 그에게 고유한 회귀적 형식이 탄생한다는 것을 알 수가 있다.


정신의 회귀가 거기에서 작용하는 것이다. 작가가 비록 전지전능한 힘을 거부하지만, 의식의 주저, 또는 반복을 따른다. 얼마 전에 우리를 떠난 작가 이청준 그는 가장 큰 한국의 작가이지만, 어떤 파벌에도 속하지 않은 작가였다. 작품에 등장하는 모든 인물들처럼 수수께끼를 남겨두고 터났지만, 작가의 작품에서 해답을 찾을 수가 있다. 한국을 이해한다는 것은 매우 어려운 과정을 겪어야 하고 그 끝이 보이지 않았을지 모르지만, 지금은 가능해졌다


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